Petit Parisien - Malgré la fatigue, le pape s'offre un bain de foule pour Pâques

Paris -
Malgré la fatigue, le pape s'offre un bain de foule pour Pâques
Malgré la fatigue, le pape s'offre un bain de foule pour Pâques / Photo: Tiziana FABI - AFP

Malgré la fatigue, le pape s'offre un bain de foule pour Pâques

Le pape François, toujours très affaibli, s'est offert dimanche un bain de foule surprise place Saint-Pierre auprès de milliers de fidèles réunis pour célébrer Pâques, peu après avoir délégué la lecture de son discours dans lequel il a appelé à "abattre les barrières qui créent des divisions".

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Un mois à peine après sa sortie de l'hôpital, où il a frôlé la mort avec une double pneumonie, le pape de 88 ans a parcouru pendant une quinzaine de minutes les allées de la place à bord de sa "papamobile" et béni des nourrissons dans une ambiance survoltée, encadré par de nombreux gardes du corps.

Quelques minutes plus tôt, il était apparu en fauteuil roulant, sans canules nasales à oxygène, au balcon de la basilique Saint-Pierre pour donner sa traditionnelle bénédiction "Urbi et Orbi" (à la ville et au monde).

"Chers frères et soeurs, joyeuses Pâques", a-t-il lancé d'une voix essoufflée aux fidèles, qui l'ont chaleureusement applaudi.

"Je suis émue par la force qu'il déploie parce qu'il est malade et très vieux. C'est un Argentin comme nous. Il est des nôtres. Nous nous sentons bénis", a confié à l'AFP Maria Repezza, une Argentine de 58 ans, les larmes aux yeux.

Apparu fatigué et peinant à s'exprimer malgré l'amélioration de ses capacités respiratoires, François a délégué à un collaborateur la lecture de son texte où il a appelé au respect de la "liberté de pensée et d'expression" et exhorté les dirigeants à "ne pas céder à la logique de la peur qui enferme".

"Que de mépris se nourrit parfois envers les plus faibles, les marginalisés, les migrants", a-t-il lancé en invitant à "abattre les barrières qui créent des divisions".

Quelques instants plus tôt, François a reçu le vice-président américain JD Vance pour une "rencontre privée" de "quelques minutes", deux mois après avoir vivement critiqué la politique migratoire de l'administration de Donald Trump.

- "Dignité" -

Du Yémen à l'Ukraine en passant par le Soudan, le Sahel ou la Syrie, le pape a cité une dizaine de pays en conflit et a de nouveau plaidé pour le désarmement, un thème central de son pontificat.

Il a dénoncé la "situation humanitaire dramatique et ignoble" à Gaza tout en mettant en garde contre "le climat d'antisémitisme croissant qui se répand dans le monde entier", qu'il estime "préoccupant".

"J'appelle les belligérants : cessez le feu, que les otages soient libérés et que l'aide précieuse soit apportée à la population affamée qui aspire à un avenir de paix", a-t-il lancé.

"Face à la cruauté des conflits qui impliquent des civils sans défense, qui s'en prennent aux écoles et aux hôpitaux ainsi qu'aux agents humanitaires, nous ne pouvons pas nous permettre d'oublier que ce ne sont pas des cibles qui sont touchées, mais des personnes avec une âme et une dignité."

- Date commune -

Pour la première fois depuis son élection en 2013, le chef du 1,4 milliard de catholiques a manqué la plupart des rendez-vous de la Semaine sainte, dont le Chemin de Croix au Colisée vendredi et la veillée pascale samedi soir, dont il a délégué la présidence à des cardinaux.

La messe de Pâques a été présidée par le cardinal italien Angelo Comastri sur la place Saint-Pierre ornée de milliers de fleurs hollandaises en présence de quelque 300 prêtres, évêques et cardinaux.

Pour son seul engagement public de cette Semaine sainte, Jorge Bergoglio - censé observer un strict repos de deux mois, sans activités publiques - s'était rendu jeudi dans une prison du centre de Rome pour rencontrer des détenus.

Déjà affaibli par des problèmes de santé à répétition et des interventions chirurgicales, François a frôlé la mort à deux reprises au cours de son hospitalisation de 38 jours à l'hôpital Gemelli, dont il est sorti le 23 mars.

Depuis, il poursuit sa rééducation et continue de travailler depuis sa résidence, sans donner d'audiences à des groupes ni présider de messe.

Fait rare, les chrétiens du monde entier célèbrent cette année Pâques le même jour du fait de la concordance des calendriers grégorien, suivi par les catholiques et protestants, et julien, suivi par les orthodoxes.

Z.Gaillard--PP